• Le Meurtre du Commandeur

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    Messieurs, Damoiselles, je pense que nonobstant vous allez apprécier, dame oui !

     

     

    Nom: Le Meurtre du Commandeur

    Auteur: Haruki Murakami

    Nombre de tomes : 2

    Genre: Fiction littéraire

     

    Synopsis: L'histoire commence dans le fracas lorsque Yuzu, la femme du narrateur, lui annonce sa volonté de mettre fin à leur relation et de divorcer. Celui-ci s'embarque alors dans une période d'errance en voiture où il arpente différentes villes du Japon, allant de Tokyo jusqu'à la préfecture de Miyagi. Cette période houleuse prend fin lorsque son ami de l'école des beaux arts Masahiko lui propose de garder la demeure inoccupée de son père, le célèbre peintre Tomohiko Amada. Le narrateur accepte et s'installe donc à Odawara, petite ville de campagne paisible. Il prend peu à peu ses marques dans l'antre de l'illustre Amada en écoutant ses vinyles et en s’imprégnant de l'atmosphère de son atelier. Alors qu'il était habitué à tirer le portrait de riches chefs d'entreprise pour gagner sa vie du temps où il vivait encore avec Yuzu, le narrateur se recentre au fil du temps sur l'essence de son art tout en donnant des cours de peinture.

    Après quelques jours passés dans la demeure de l'artiste, il fait une découverte singulière au grenier: une toile enveloppée dans un drap."Le Meurtre du Commandeur", cette pièce maîtresse de l’œuvre d'Amada n'ayant pourtant jamais été dévoilée au grand jour semble faire référence à l'Opéra de Mozart Don Giovanni. Pourquoi cacher un tel chef d’œuvre ? Quel sens y donner ? Autant de questions qui obsèdent le narrateur...

    Bien qu'il pensait en avoir fini avec les portraits, un certain Menshiki lui demande de lui peindre son portrait contre une somme dépassant tout entendement. D'abord hésitant, il se lance tout de même dans la réalisation de ce fameux portrait, mais ressent rapidement un blocage... Qui est donc ce mystérieux personnage ? Pourquoi tient-il tant à ce que le narrateur fasse son portrait ?

    Et quel est ce son de cloche qui se met à tinter chaque nuit ?

    Alors que tout semble partir sur des bases on ne peut plus ordinaires, vous serez transporté avec le narrateur dans un fantastique voyage initiatique où les évènements mystérieux ne cesseront d'aller crescendo !

     

    Les points forts:

    Malgré une certaine succession d'évènements prosaïques dans certains passages, nous sommes tenus en haleine par les évènements mystérieux et les multiples interrogations qui surgissent pendant la totalité de l’œuvre. Il ne font d'ailleurs que renforcer le suspense !

     

    Les points faibles:

    Peu de points faibles me viennent en tête à la lecture des deux tomes... L'univers onirique de Murakami ne vous laissera pas indifférent: soit on accroche, soit on n'accroche pas du tout. J'ai pu voir des avis vraiment disparates sur le net... Alors laissez vous tenter ! Néanmoins, les plus jeunes d'entre nous ne pourront peut-être pas saisir toute la portée de l’œuvre.

     

    A ne pas manquer si...

    - Vous êtes déjà un fan invétéré des romans de Murakami. D'ailleurs, qu'est-ce que vous faites encore là ? Vous êtes déjà en retard, le roman est sorti en 2017.

    - Vous aimez le genre fantastique.

    - Vous êtes peintre, artiste au sens large, ou tout simplement sensible à la question de l'inspiration artistique.

    - Vous continuez à vous creuser la tête sur certaines questions après votre lecture. Il ne fait nul doute que vous aimez les questions métaphysiques.

     

    Passez votre chemin si...

    - Lorsque l'on vous dit "il faut lire entre les lignes"' vous répondez "entre les lignes il n'y a que du blanc !"

    - Vous n'aimez pas le genre fantastique.

     

    Avis personnel:

    Que dire sur cette dernière perle de Murakami ? Pour ma part, j'ai découvert le livre en librairie par hasard, et ce fut une belle découverte ! J'ai pu voir un peu partout sur le net que Murakami avait un style qui pouvait laisser sur le carreau certaines personnes, en particulier pour Le Meurtre du Commandeur. En ce qui me concerne, j'ai trouvé que le début de l'histoire était assez calme et peu mouvementé jusqu'à l'entrée en scène du fameux Menshiki, qui propulse l'histoire dans une toute autre dimension... et c'est à partir de ce moment que je me suis senti véritablement immergé dans l'histoire. Je ne compte plus les soirées où un "juste...un...dernier....chapitre" m'a mené à lire jusque 3h du matin (voire même de m'endormir avec mon livre dans la main... pas pratique pour retrouver la page). C'est un roman bien immersif où vous aurez parfois l'impression d'être là, assis tranquillement dans un canapé en sirotant un whisky et en écoutant de l'opéra tout en parlant à votre voisin Menshiki de choses et d'autres.

    En toute honnêteté, j'ai eu beaucoup de difficulté à écrire cette catégorie "avis personnel", car nous avons affaire ici à un roman bien singulier, qu'il est difficile de résumer en quelques paragraphes. Comme le narrateur, j'ai eu dans un premier temps un blocage avant qu'un petit homme d'environ 60 centimètres n'apparaisse dans mon bureau et me dise: "Nenni Messieurs, il ne faut point que tu mettes ce commentaire en avis personnel, ô que oui ! Essayer d'écrire un avis sans jeter cul-sec ton ressenti général d'abord, c'est comme si tu essayais de faire flotter une passoire sur l'eau. Faire flotter un truc sur l'eau, c'est absolument catégoriquement impossible pour quiconque. Je dis ça pour ton bien, Messieurs, vaut mieux s'en abstenir, dame oui !". Vous le trouverez par conséquent à la fin de l'article... merci petit homme ? Mais reprenons cet avis personnel...

    Le Meurtre du Commandeur vous fera vous questionner sur des sujets philosophiques tels que l'inspiration et la création artistique, la frontière entre réel et irréel, la vérité et la mort, mais vous fera également bien rire dans certaines situations. J'ai trouvé le personnage de Menshiki fort attachant dans la mesure où pour un problème donné, il n'hésitera pas à sortir du cadre et prendre la tangente pour arriver à ses fins, le tout en  bousculant un peu le narrateur qui s'inscrit plutôt dans un immobilisme.

    En conclusion, Le Meurtre du Commandeur, c'est deux tomes à dévorer sans modération (mais pas trop vite non plus, tout de même, laissez-vous le temps de réfléchir sur ce que vous avez-lu, voire même parfois de revenir en arrière sur certains sujets) ! Comme promis, je vous laisse sur un commentaire édulcoré de spoilers qui vous donnera j'espère encore plus envie de lire le livre ! Je vous invite d'ailleurs à rebondir sur ce commentaire dans les commentaires (même si cela paraît redondant vu comme cela) pour donner votre avis et votre ressenti sur certains aspects, par exemple... que représente pour vous l'homme à la Subaru Forester Blanche ?

     

    Commentaire:

    Le Meurtre du Commandeur nous plonge dans l'histoire d'un narrateur sans nom, qui ironiquement s'apparente plutôt à un spectateur qu'à un acteur de sa propre existence. Bien qu'on puisse attendre d'un peintre une sensibilité et un sens de la perception accru; dès les premières pages; celui-ci se fait abandonner par sa femme dans une scène absurde où tout dialogue semble rompu. Aucun éclat de colère, pas de débat, ni questionnement ni justification, les évènements coulent comme emportés dans les rapides d'une rivière. D'un point de vue artistique, le narrateur vit également une existence où il se positionne en tant qu'esclave de son propre art, à savoir exécuter des portraits sans grande inspiration. En dépit de son envie de se recentrer sur l'art abstrait, il se retrouve malgré lui confronté à peindre le portrait de son voisin Menshiki. Le thème de l'inspiration artistique est omniprésent dans les deux tomes: c'est avec curiosité que l'on suivra le narrateur tenter de saisir l'essence de ses différents modèles: d'abord le riche et assuré Menshiki, l'énigmatique Homme à la Subaru Forester blanche, l'obsédante fosse et enfin son élève Marie.

    Dessiner quelqu'un, c'est comprendre et interpréter celui qui est face à vous. Non pas avec des mots, mais avec des lignes, des formes, des couleurs.

    Là encore, le rôle du narrateur sera confus dans la création artistique. Certes, il s'appropriera et s'impliquera beaucoup plus dans ces créations qu'à l'époque où il était portraitiste. Mais est-il vraiment maître des toiles qu'il réalise ? Cette assertion est parfaitement discutable compte-tenu du fait que les œuvres elles-mêmes s'adressent à lui, notamment dans le cas de l'Homme à la Subaru Forester blanche où il en vient à ne même plus oser regarder la toile en face. Il ne faut également pas oublier le rôle prépondérant du Commandeur, en tant qu'Idée, dans la réalisation de ces portraits.

     

    La rencontre de Menshiki marque un tournant dans l’œuvre avec la découverte de la peinture d'Amada. C'est à partir de ce moment que des phénomènes surnaturels commencent à faire irruption, menant à des situations abracadabrantes dont Menshiki sera le catalyseur (la découverte de la fosse, l'apparition du Commandeur...). L'homme se montre en apparence imperturbable et, par opposition avec le narrateur, en maîtrise totale de son existence. Pourtant, à l'instar du Chat de Schrödinger, celui-ci se révèlera prisonnier par la contingence d'un évènement. Vaut-il mieux savoir ? Ne pas savoir ? Est-il vraiment sage de rester dans un état de flottaison où l'évènement est à la fois vrai et faux ?

    Dans ce monde, il y a certainement des choses qu'il est préférable de continuer à ne pas entendre.Toutefois, on ne peut rester éternellement sans entendre. Quand vient le temps, aussi hermétiquement qu'on se soit bouché les oreilles, le bruit fait trembler l'air et s'enfonce dans le cœur de l'homme. Il est impossible de l'en empêcher. Si vous ne voulez pas qu'il en soit ainsi, il ne vous reste qu'à aller dans le monde du vide.

    Il est d'ailleurs souvent question dans le roman de la frontière entre le réel et la métaphore, entre le vide et le rien. Dans certains passages, le narrateur se questionne sur ce qui est vraiment réel ou ne l'est pas. Qu'est-ce qui détermine la réalité ? Qu'est-ce qu'être soi ? On retrouvera d'ailleurs aussi une résonance du thème de la mort associée au réel/métaphorique. Le déchirement provoqué par le décès de sa soeur Kômi conté au début de l’œuvre est assez central pour le narrateur: il y fera d'ailleurs référence pour les femmes qui joueront un rôle important dans sa vie. Ainsi la rupture initiale avec Yuzu pourrait être vue comme une sorte de mort métaphorique ?

    Dans le silence des bois, je pouvais presque percevoir jusqu’au bruit de l’écoulement du temps, du passage de la vie. Un humain s’en allait, un autre arrivait. Un sentiment s’en allait, un autre arrivait. Une image s’en allait, une autre arrivait. Et moi aussi, je me désintégrais petit à petit dans l’accumulation de chaque moment, de chaque jour, avant de me régénérer. Rien ne demeurerait au même endroit. Et le temps se perdrait. Un instant après l’autre, le temps s’écroulait puis disparaissait derrière moi, comme du sable mort. Assis devant la fosse, l’oreille aux aguets, je ne faisais qu’écouter le temps mourir.

    Ces quelques pistes constitueront une éventuelle base de questionnement au cours de votre lecture. J'aimerais beaucoup en ajouter, mais il sera bien mieux d'explorer la suite par vous mêmes ! D'ailleurs, lorsque vous aurez fini, n'hésitez pas à entamer une discussion métaphysique avec moi, j'adore ça. 

     

    J'espère que cet article vous aura donné envie de lire les livres ! Continuez à vous amuser sur Samurai Neko no Nihongo !

     

    またね

    侍猫

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