• 「今際の国のアリス」(C) 麻生羽呂・小学館/ROBOTDe gauche à droite: Chôta, Ryôhei et Daikichi. 3 amis unis par le pouvoir de l'amitié, mais cela sera-il suffisant pour surmonter les épreuves qui les attendent ?

     

    Nom: Alice in Borderland (今際の国のアリス)

    Auteur (manga) : Haro Aso

    Producteur (anime) : Hideki Tachibana

    Producteurs (drama) : Shinsuke Sato, Yoshiki Watabe, Yasuko Kuramitsu

    Nombre de tomes (manga) : 8

    Genre: Survie, suspense, post-apocalyptique

     

    NB: le commentaire suivant est basé sur le drama de 2020. 

     

    Synopsis: Dès le début, nous faisons la connaissance de 3 protagonistes: Arisu Ryôhei, Karube Daikichi et  Segawa Chôta. Ryôhei voue une existence de nolife dans sa chambre, chez ses parents, à jouer à des jeux de tir à la première personne. Alors que son frère est un salaryman modèle et essaye de trouver une place pour son frère dans son entreprise, Ryôhei est déphasé de cette réalité et manque encore une fois l'entretien... Cette fois-ci la patience de son père a atteint ses limites et Ryôhei est chassé de la maison de ses parents. Cela n'a pas l'air de le perturber plus que cela dans la mesure où il se tourne directement vers son ami Daikichi pour l'héberger. 

    Daikichi, de son côté travaille dans un bar et drague la petite amie de son patron... jusqu'au jour où sa relation est percée à jour et où cela se solde par... quelques coups de poings et la perte de son emploi. Et ce jour, c'est bien sûr le jour où Ryôhei a besoin de lui. Il ne sera donc pas d'une grande aide pour héberger Ryôhei au final...

    De son côté, Chôta est le plus sérieux de la bande. Il travaille dans un bureau où nous pouvons plus que supposer une certaine pression de la part de son patron sur lui. 

    Les 3 amis se retrouvent au niveau du célèbre Shibuya crossing, discutent du bon vieux temps, et se mettent à faire n'importe quoi, tel des enfants, au beau milieu du passage piétons. Daikichi porte Ryôhei sur ses épaules pendant que Chôta filme avec son téléphone... Comme on peut s'en douter, le feu finit par changer de couleur et les voitures se mettent à circuler. Et paf ! Ce qui devait arriver arriva: les idioties de nos compères génèrent un carambolage ! Se rendant compte de leur erreur, ces derniers se réfugient dans les toilettes pour hommes du métro pour échapper à la police située à proximité. Quand soudain...

    L'éclairage des toilettes s'éteint subitement. Etrange... Nos amis sortent alors des toilettes pour se retrouver devant un spectacle désarmant: plus personne au niveau du Shibuya crossing ! Est-ce que le prochain confinement aurait déjà commencé sans que personne ne les ait mis au courant ? Non, les choses sont bien plus sombres... Peu importe où ils décident de poser les yeux, personne n'est là, et tout à l'air d'avoir été "abandonné": les fruits sont pourris, etc...

    Personne ? Ou peut-être pas totalement... Alors que la nuit se met à tomber sur la capitale du pays du Soleil Levant, les écrans publicitaires s'allument et indiquent que LE JEU n'est pas loin. Le jeu ? Quel jeu ? Le meilleur moyen de le savoir reste de s'y rendre... Il n'y a qu'à suivre les flèches...

    Nos amis découvrent alors malgré eux qu'ils ne sont pas seuls et sont lancés dans un jeu à énigme. Il leur est demandé de prendre un téléphone, et les voilà embarqués dans une énigme de portes: une porte où il est écrit "vivre" et une autre "mourir". Cette énigme a l'air simple en apparence, mais que renferment ces deux portes ? Qu'est-ce que ce jeu ? Qui tire les ficelles ? Quels sont les risques si l'on perd ? Quelle est la signification de la carte à jouer située sur la table devant l'entrée de la zone de jeu ? Autant de questions mystérieuses qui trouveront leurs réponses en regardant Alice In Borderland. 

     

    Les points forts: 

    - Un suspense insoutenable et un rythme effréné (au niveau des jeux) qui ne vous laissera pas une minute de répit.

    - Des personnages attachants, ayant plus de relief que ce qu'ils ne nous en laissent transparaître à première vue. 

    - Une trame de fond mystérieuse qui suit tout le long de la série. 

     

    Les points faibles:

    -  A ce jour seule la saison 1 (contenant 8 épisodes) du drama est parue, il faudra attendre pour la saison 2... 

    - La violence omniprésente qui ne correspondra par forcément aux publics les plus jeunes. 

     

    A ne pas manquer si...

    - Vous connaissiez déjà l'oeuvre originale d'Haro Aso. 

    - Vous aimez le genre post-apocalyptique.

    - Vous êtes un adepte du genre thriller, et que vous aimez les films présentant un côté "hors du commun" mettant en scène des "jeux"/"expériences" malsain(e)s (des films de type Cube ou des manga de type Judge). Nous sommes ici à mi-chemin entre le triller et l'horreur. 

     

    Passez votre chemin si...

    - Vous êtes un enfant, ou êtes trop sensible aux émotions fortes (violence, vue du sang...). 

    - Vous n'aimez pas le genre thriller.

     

    Avis personnel:

    Le nom d'Alice in Borderland n'est pas sans nous rappeler la célèbre œuvre de Walt Disney, Alice au pays des merveilles, soit Alice in Wonderland en anglais. Il s'agit là en effet d'un habile jeu de mots entre le nom de famille du principal protagoniste (有栖 Arisu) et le prénom Alice (アリス Arisu) qui se prononcent de la même manière en japonais. Même chose pour la place omniprésente des cartes à jouer dans l'organisation des jeux, et du rôle tout particulier qui est donné aux cartes de coeur dans ces jeux. Il en est de même pour certains personnages comme le chapelier... mais je préfère vous laisser découvrir les divers clins d'œils égrenés au cours de l'œuvre... 

    Même si le drama a été diffusé à partir du 10 décembre 2020 sur la plateforme Netflix, le succès d'Alice in Borderland date de bien avant. En effet, l'œuvre originale d'Haro Aso a été publiée entre 2010 et 2015 dans le célèbre Shônen Sunday Super, magazine mensuel créé par Shôgakukan, célèbre maison d'édition de mangas. Une suite au manga a ensuite été publiée: Alice in Border Road, achevé en 2018; et Alice In Borderland: Retry dont la première publication date du 11 décembre 2020. 

    En ce qui me concerne, j'ai découvert l'œuvre avec le drama et j'ai vraiment apprécié. Un sacré cocktail de suspense dans un monde post-apocalyptique où les jeux rythment les épisodes qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout. J'ai regardé la première saison en quelques jours. Il ne reste maintenant qu'à attendre l'arrivée de la saison 2... Je pense qu'au vu du drama je vais me plonger désormais dans le manga... Et vous, vous laisserez-vous tenter ? 

     

     Alice in Borderland : Le trailer du drama 

     

     

     

    J'espère que cet article vous aura donné envie de vous lancer dans la série et de découvrir ou redécouvrir le manga et anime associés ! Voilà une bonne idée pour commencer votre année manga/anime/drama de 2021 sous une bonne augure ! 

    Continuez à vous amuser et à apprendre sur Samurai Neko no Nihongo ! L'année 2020 n'a pas été des plus faciles à vivre mais nous avons continué à vous proposer du contenu sur le Japon pendant les périodes de confinement notamment. Cela aura été l'occasion pour certains d'entre vous de nous découvrir et d'apprendre cette belle langue qu'est le Japonais. Je vous souhaite une année 2021 où vous pourrez concrétiser vos projets en lien avec le japonais ou tout simplement continuer à vous divertir parmi nous !

     

    あけましておめでとうございます ⛩

    またね

    侍猫

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    6 commentaires
  • Birthday girl par Murakami

    Nom: Birthday Girl

    Auteur: Haruki Murakami

    Nombre de tomes : 1

    Genre: Nouvelle

     

    Synopsis: Cette nouvelle nous conte l'histoire d'une jeune serveuse d'un restaurant italien du quartier chic de Roppongi. Elle a vingt ans aujourd'hui, mais son anniversaire ne revêt rien de spécial. Elle n'avait rien prévu, et en plus, elle se retrouve à remplacer sa collègue tombée malade. Tous les soirs, à 20 heures précises, le directeur du restaurant va apporter au propriétaire de l'immeuble son repas dans la chambre 604. 

    Mais au cours de ce fameux soir d'anniversaire, alors qu'il s'était toujours montré assidu à son poste, le directeur du restaurant se trouve pris de maux de ventre intenses qui l'obligent à aller à l'hôpital ? Mais qui va donc apporter le repas à la chambre 604 ? Alors qu'il est dans le taxi le menant à l'hôpital, le directeur confie à notre jeune serveuse l'illustre tâche de porter le dîner au propriétaire à vingt heures très précises. 

    Quelles surprises attendront la serveuse dans la chambre 604 ? 

     

    Les points forts: 

    Aux allures de songe éveillé, cette histoire, douce-amère, courte mais captivante nous transportera du monde réel à un monde hypnotique où la frontière entre le réel et l’irréel est difficile à déterminer. Un talent dont Murakami a le secret. 

     

    Les points faibles:

    Le seul point faible que je pourrais attribuer à cette nouvelle est sa durée. En une heure vous l'aurez lue. Vous serez peut être également déçu par la fin un peu nébuleuse. Mais les fins nébuleuses sont une belle opportunité pour y réfléchir, non ?

     

    A ne pas manquer si...

    - Vous êtes déjà un fan invétéré des romans de Murakami. D'ailleurs, qu'est-ce que vous faites encore là ? Vous êtes déjà bien en retard, le roman est sorti en 2002 !

    - Vous aimez le genre fantastique.

    - Vous aimez vous creuser la tête après avoir fini votre lecture, sur le sens potentiel de la fin

     

    Passez votre chemin si...

    - Vous n'aimez pas le genre fantastique.

     

    Avis personnel:

    J'ai beaucoup apprécié l'ambiance particulière qui se dégageait de cette nouvelle. Encore une fois nous sommes confrontés à un personnage "picaresque" dont Murakami a le secret: notre jeune serveuse est prise dans une routine quelque peu insipide... en tout cas pour un 20ème anniversaire. Cependant, ce personnage, balloté dans le flot d'une vie sans saveur va se retrouver suite à une série de hasards devant un dilemme posé par le mystérieux résident de la chambre 604.

    Et c'est à ce moment que du quotidien routinier, nous passons à une situation surréaliste pour la protagoniste. Sa réponse en sera d'autant plus surprenante... ou pas ? A vous de juger: les choses ne seront pas écrites noir sur blanc dans le récit: ce sera à vous de développer vos conclusions. Leçon de morale ? Sagesse bouddhique ?  Mystère...

    En bref: un court roman fantastique emprunt de la patte de Murakami, où la fin sera comme pour Le Meurtre du Commandeur, assez mystérieuse. 

     

    またね

    侍猫

     

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  • Image result for le meurtre du commandeur"

    Messieurs, Damoiselles, je pense que nonobstant vous allez apprécier, dame oui !

     

     

    Nom: Le Meurtre du Commandeur

    Auteur: Haruki Murakami

    Nombre de tomes : 2

    Genre: Fiction littéraire

     

    Synopsis: L'histoire commence dans le fracas lorsque Yuzu, la femme du narrateur, lui annonce sa volonté de mettre fin à leur relation et de divorcer. Celui-ci s'embarque alors dans une période d'errance en voiture où il arpente différentes villes du Japon, allant de Tokyo jusqu'à la préfecture de Miyagi. Cette période houleuse prend fin lorsque son ami de l'école des beaux arts Masahiko lui propose de garder la demeure inoccupée de son père, le célèbre peintre Tomohiko Amada. Le narrateur accepte et s'installe donc à Odawara, petite ville de campagne paisible. Il prend peu à peu ses marques dans l'antre de l'illustre Amada en écoutant ses vinyles et en s’imprégnant de l'atmosphère de son atelier. Alors qu'il était habitué à tirer le portrait de riches chefs d'entreprise pour gagner sa vie du temps où il vivait encore avec Yuzu, le narrateur se recentre au fil du temps sur l'essence de son art tout en donnant des cours de peinture.

    Après quelques jours passés dans la demeure de l'artiste, il fait une découverte singulière au grenier: une toile enveloppée dans un drap."Le Meurtre du Commandeur", cette pièce maîtresse de l’œuvre d'Amada n'ayant pourtant jamais été dévoilée au grand jour semble faire référence à l'Opéra de Mozart Don Giovanni. Pourquoi cacher un tel chef d’œuvre ? Quel sens y donner ? Autant de questions qui obsèdent le narrateur...

    Bien qu'il pensait en avoir fini avec les portraits, un certain Menshiki lui demande de lui peindre son portrait contre une somme dépassant tout entendement. D'abord hésitant, il se lance tout de même dans la réalisation de ce fameux portrait, mais ressent rapidement un blocage... Qui est donc ce mystérieux personnage ? Pourquoi tient-il tant à ce que le narrateur fasse son portrait ?

    Et quel est ce son de cloche qui se met à tinter chaque nuit ?

    Alors que tout semble partir sur des bases on ne peut plus ordinaires, vous serez transporté avec le narrateur dans un fantastique voyage initiatique où les évènements mystérieux ne cesseront d'aller crescendo !

     

    Les points forts:

    Malgré une certaine succession d'évènements prosaïques dans certains passages, nous sommes tenus en haleine par les évènements mystérieux et les multiples interrogations qui surgissent pendant la totalité de l’œuvre. Il ne font d'ailleurs que renforcer le suspense !

     

    Les points faibles:

    Peu de points faibles me viennent en tête à la lecture des deux tomes... L'univers onirique de Murakami ne vous laissera pas indifférent: soit on accroche, soit on n'accroche pas du tout. J'ai pu voir des avis vraiment disparates sur le net... Alors laissez vous tenter ! Néanmoins, les plus jeunes d'entre nous ne pourront peut-être pas saisir toute la portée de l’œuvre.

     

    A ne pas manquer si...

    - Vous êtes déjà un fan invétéré des romans de Murakami. D'ailleurs, qu'est-ce que vous faites encore là ? Vous êtes déjà en retard, le roman est sorti en 2017.

    - Vous aimez le genre fantastique.

    - Vous êtes peintre, artiste au sens large, ou tout simplement sensible à la question de l'inspiration artistique.

    - Vous continuez à vous creuser la tête sur certaines questions après votre lecture. Il ne fait nul doute que vous aimez les questions métaphysiques.

     

    Passez votre chemin si...

    - Lorsque l'on vous dit "il faut lire entre les lignes"' vous répondez "entre les lignes il n'y a que du blanc !"

    - Vous n'aimez pas le genre fantastique.

     

    Avis personnel:

    Que dire sur cette dernière perle de Murakami ? Pour ma part, j'ai découvert le livre en librairie par hasard, et ce fut une belle découverte ! J'ai pu voir un peu partout sur le net que Murakami avait un style qui pouvait laisser sur le carreau certaines personnes, en particulier pour Le Meurtre du Commandeur. En ce qui me concerne, j'ai trouvé que le début de l'histoire était assez calme et peu mouvementé jusqu'à l'entrée en scène du fameux Menshiki, qui propulse l'histoire dans une toute autre dimension... et c'est à partir de ce moment que je me suis senti véritablement immergé dans l'histoire. Je ne compte plus les soirées où un "juste...un...dernier....chapitre" m'a mené à lire jusque 3h du matin (voire même de m'endormir avec mon livre dans la main... pas pratique pour retrouver la page). C'est un roman bien immersif où vous aurez parfois l'impression d'être là, assis tranquillement dans un canapé en sirotant un whisky et en écoutant de l'opéra tout en parlant à votre voisin Menshiki de choses et d'autres.

    En toute honnêteté, j'ai eu beaucoup de difficulté à écrire cette catégorie "avis personnel", car nous avons affaire ici à un roman bien singulier, qu'il est difficile de résumer en quelques paragraphes. Comme le narrateur, j'ai eu dans un premier temps un blocage avant qu'un petit homme d'environ 60 centimètres n'apparaisse dans mon bureau et me dise: "Nenni Messieurs, il ne faut point que tu mettes ce commentaire en avis personnel, ô que oui ! Essayer d'écrire un avis sans jeter cul-sec ton ressenti général d'abord, c'est comme si tu essayais de faire flotter une passoire sur l'eau. Faire flotter un truc sur l'eau, c'est absolument catégoriquement impossible pour quiconque. Je dis ça pour ton bien, Messieurs, vaut mieux s'en abstenir, dame oui !". Vous le trouverez par conséquent à la fin de l'article... merci petit homme ? Mais reprenons cet avis personnel...

    Le Meurtre du Commandeur vous fera vous questionner sur des sujets philosophiques tels que l'inspiration et la création artistique, la frontière entre réel et irréel, la vérité et la mort, mais vous fera également bien rire dans certaines situations. J'ai trouvé le personnage de Menshiki fort attachant dans la mesure où pour un problème donné, il n'hésitera pas à sortir du cadre et prendre la tangente pour arriver à ses fins, le tout en  bousculant un peu le narrateur qui s'inscrit plutôt dans un immobilisme.

    En conclusion, Le Meurtre du Commandeur, c'est deux tomes à dévorer sans modération (mais pas trop vite non plus, tout de même, laissez-vous le temps de réfléchir sur ce que vous avez-lu, voire même parfois de revenir en arrière sur certains sujets) ! Comme promis, je vous laisse sur un commentaire édulcoré de spoilers qui vous donnera j'espère encore plus envie de lire le livre ! Je vous invite d'ailleurs à rebondir sur ce commentaire dans les commentaires (même si cela paraît redondant vu comme cela) pour donner votre avis et votre ressenti sur certains aspects, par exemple... que représente pour vous l'homme à la Subaru Forester Blanche ?

     

    Commentaire:

    Le Meurtre du Commandeur nous plonge dans l'histoire d'un narrateur sans nom, qui ironiquement s'apparente plutôt à un spectateur qu'à un acteur de sa propre existence. Bien qu'on puisse attendre d'un peintre une sensibilité et un sens de la perception accru; dès les premières pages; celui-ci se fait abandonner par sa femme dans une scène absurde où tout dialogue semble rompu. Aucun éclat de colère, pas de débat, ni questionnement ni justification, les évènements coulent comme emportés dans les rapides d'une rivière. D'un point de vue artistique, le narrateur vit également une existence où il se positionne en tant qu'esclave de son propre art, à savoir exécuter des portraits sans grande inspiration. En dépit de son envie de se recentrer sur l'art abstrait, il se retrouve malgré lui confronté à peindre le portrait de son voisin Menshiki. Le thème de l'inspiration artistique est omniprésent dans les deux tomes: c'est avec curiosité que l'on suivra le narrateur tenter de saisir l'essence de ses différents modèles: d'abord le riche et assuré Menshiki, l'énigmatique Homme à la Subaru Forester blanche, l'obsédante fosse et enfin son élève Marie.

    Dessiner quelqu'un, c'est comprendre et interpréter celui qui est face à vous. Non pas avec des mots, mais avec des lignes, des formes, des couleurs.

    Là encore, le rôle du narrateur sera confus dans la création artistique. Certes, il s'appropriera et s'impliquera beaucoup plus dans ces créations qu'à l'époque où il était portraitiste. Mais est-il vraiment maître des toiles qu'il réalise ? Cette assertion est parfaitement discutable compte-tenu du fait que les œuvres elles-mêmes s'adressent à lui, notamment dans le cas de l'Homme à la Subaru Forester blanche où il en vient à ne même plus oser regarder la toile en face. Il ne faut également pas oublier le rôle prépondérant du Commandeur, en tant qu'Idée, dans la réalisation de ces portraits.

     

    La rencontre de Menshiki marque un tournant dans l’œuvre avec la découverte de la peinture d'Amada. C'est à partir de ce moment que des phénomènes surnaturels commencent à faire irruption, menant à des situations abracadabrantes dont Menshiki sera le catalyseur (la découverte de la fosse, l'apparition du Commandeur...). L'homme se montre en apparence imperturbable et, par opposition avec le narrateur, en maîtrise totale de son existence. Pourtant, à l'instar du Chat de Schrödinger, celui-ci se révèlera prisonnier par la contingence d'un évènement. Vaut-il mieux savoir ? Ne pas savoir ? Est-il vraiment sage de rester dans un état de flottaison où l'évènement est à la fois vrai et faux ?

    Dans ce monde, il y a certainement des choses qu'il est préférable de continuer à ne pas entendre.Toutefois, on ne peut rester éternellement sans entendre. Quand vient le temps, aussi hermétiquement qu'on se soit bouché les oreilles, le bruit fait trembler l'air et s'enfonce dans le cœur de l'homme. Il est impossible de l'en empêcher. Si vous ne voulez pas qu'il en soit ainsi, il ne vous reste qu'à aller dans le monde du vide.

    Il est d'ailleurs souvent question dans le roman de la frontière entre le réel et la métaphore, entre le vide et le rien. Dans certains passages, le narrateur se questionne sur ce qui est vraiment réel ou ne l'est pas. Qu'est-ce qui détermine la réalité ? Qu'est-ce qu'être soi ? On retrouvera d'ailleurs aussi une résonance du thème de la mort associée au réel/métaphorique. Le déchirement provoqué par le décès de sa soeur Kômi conté au début de l’œuvre est assez central pour le narrateur: il y fera d'ailleurs référence pour les femmes qui joueront un rôle important dans sa vie. Ainsi la rupture initiale avec Yuzu pourrait être vue comme une sorte de mort métaphorique ?

    Dans le silence des bois, je pouvais presque percevoir jusqu’au bruit de l’écoulement du temps, du passage de la vie. Un humain s’en allait, un autre arrivait. Un sentiment s’en allait, un autre arrivait. Une image s’en allait, une autre arrivait. Et moi aussi, je me désintégrais petit à petit dans l’accumulation de chaque moment, de chaque jour, avant de me régénérer. Rien ne demeurerait au même endroit. Et le temps se perdrait. Un instant après l’autre, le temps s’écroulait puis disparaissait derrière moi, comme du sable mort. Assis devant la fosse, l’oreille aux aguets, je ne faisais qu’écouter le temps mourir.

    Ces quelques pistes constitueront une éventuelle base de questionnement au cours de votre lecture. J'aimerais beaucoup en ajouter, mais il sera bien mieux d'explorer la suite par vous mêmes ! D'ailleurs, lorsque vous aurez fini, n'hésitez pas à entamer une discussion métaphysique avec moi, j'adore ça. 

     

    J'espère que cet article vous aura donné envie de lire les livres ! Continuez à vous amuser sur Samurai Neko no Nihongo !

     

    またね

    侍猫

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    Première de couverture du tome 1 de l'édition française du manga

     

    Nom: Gen d'Hiroshima

    Auteur: Nakazawa Keiji

    Nombre de tomes (manga): 10

    Genre: Drame, historique, pacifisme

     

    Synopsis: Dans son œuvre, Nakazawa témoigne d'une tranche de l'histoire du Japon allant de 1945 à 1953 à travers l'histoire de la famille Nakaoka (et plus particulièrement celle de Gen Nakaoka). Le début du manga met l'accent sur les conséquences de la politique impériale, marquée par une ferveur militariste, sur la famille. Cette famille modeste de quatre enfants doit notamment supporter des privations drastiques de nourriture, celle-ci étant distribuée en priorité aux soldats. De plus, le fait que le père de Gen soit pacifiste valut à sa famille d'être couverte d’opprobre: persécution des enfants à l'école par les professeurs comme les élèves, persécution par les voisins, arrestations... Néanmoins, malgré ces nombreux problèmes, l'amour soudant les membres de sa famille lui permettait de rendre ce quotidien supportable.

    La vie de Gen bascula dans l'horreur le 6 août 1945 à 8 heures 15 avec l'explosion de la bombe atomique "Fat Boy", lancée par le bombardier "Enola Gay"... Le reste de sa famille ayant péri, Gen se retrouve alors seul avec sa mère enceinte dans une Hiroshima totalement dévastée et doit se battre pour survivre. Si l'épisode de la bombe est le plus horrible, Gen devra affronter bien d'autres épreuves tout au long de l’œuvre: le rejet de ceux qui ont échappé aux conséquences de la bombe, l'occupation américaine et les test réalisés sur les victimes de la bombe, la croissance de la pègre dans la ville...

    Au tout début de l'ouvrage, le père de Gen lui explique que le blé germe en hiver, et que plus il sera piétiné, plus il s'enracinera pour donner un épi bien droit. Il lui demande d'être comme le blé: si on te piétine, donne un épi encore plus fort!  Tel un épi de blé, Gen se battra jusqu'au bout pour surmonter les épreuves l'accablant et ne baissera jamais les bras. Quelles épreuves devra surmonter Gen? Comment parviendra-il à les surmonter? Les réponses se trouvent dans les 10 tomes de Gen d'Hiroshima.

     

    Les points forts:

    - Des personnages très attachants

    - Un contexte historique important où nous apprenons de nombreuses choses sur une période plus ou moins obscure de l'histoire du Japon, et plus particulièrement sur la ville d'Hiroshima. Gen n'est autre que l'alter ego de Nakazawa, qui a lui-même vécu l'horreur de la bombe

    - Un style graphique simpliste mais percutant

    - Des émotions fortes

     

    Les points faibles:

    Peu de points faibles me viennent en tête. Cependant, le thème de la violence omniprésente dans le manga et le contexte historique complexe font qu'une lecture par un public très jeune ne pourrait être totalement appréciée.

     

    A ne pas manquer si... 

    - L'histoire du japon, et en particulier la période de la seconde guerre mondiale vous intéresse

    - Vous aimez les drames et les émotions fortes

     

    Passez votre chemin si...

     

    - L'histoire du Japon et tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la guerre ne vous intéresse pas du tout

    - Vous êtes trop sensible ou trop jeune pour assister à toute forme de violence

    - Vous n'aimez pas les drames et les émotions fortes

     

    Avis personnel:

    Gen d'Hiroshima est un véritable chef d’œuvre dans la mesure où le manga vous transportera en plein cœur de l'Histoire de la ville d'Hiroshima et de ses habitants de l'année 1945 à 1953 à travers la vie de Gen, petit garçon ayant survécu au bombardement atomique. Un des premiers éléments m'ayant frappé est la manière dont Nakazawa restitue l'horreur apocalyptique qu'il a lui même traversée en se démarquant par ses graphismes et sa narration. En effet, certaines scènes épouvantables resteront gravées à vie dans ma mémoire, comme les victimes de la bombe ayant leur peau fondue traînant derrière eux et cherchant désespérément un point d'eau pour apaiser la souffrance liée aux brûlures de la bombe. Ils se déplacent comme des zombies, marchant avec difficulté ou  se traînant sur le sol. La scène du cheval immolé par le feu risque également d’hanter vos mémoires. D'un point de vue narration, les scènes sont parfois si percutantes que l'on croirait entendre Gen et sa famille crier. Cependant, même ci ce témoignage de l'explosion atomique et de ses conséquences directes est saisissant et constitue souvent le passage le plus célèbre du manga, celui-ci ne se contente pas de retranscrire l'horreur immédiate, mais aussi les conséquences à long terme de ce bombardement sur la population japonaise. Les traumatismes liés à la bombe sont nombreux: la discrimination des personnes irradiées par crainte de contagion (la population ne connaissait pas à l'époque les réelles conséquences à long terme de la bombe, se traduisant majoritairement par des cancers); le rejet des anciens combattants mutilés, autrefois des héros, qui se retrouvent à mendier dans la rue; l'expansion grandissante du crime organisé, dominé par les Yakuza qui n'hésitent pas à engager des jeunes orphelins de la bombe pour effectuer leurs plus basses besognes; sans parler de la famine et la pauvreté s'étant abattue sur la population à la suite du bombardement.

    L’œuvre de Nakazawa possède une double lecture: ne se contentant pas de narrer la biographie du jeune Gen, elle constitue également un précieux témoignage des horreurs vécues par l'auteur à la même époque. Le personnage de Gen est très attachant et l'on est rapidement captivé par la succession d'épreuves qu'il devra surmonter pour parvenir à l'âge adulte. Il acquiert au fil des tomes une certaine expérience de la vie mais également une conscience politique. En effet, celui-ci se rendra progressivement compte des responsabilités des dirigeants de son pays et de l'Empereur lui-même dans les conséquences de cette guerre. Le jeune garçon se fera également rapidement un messager de la paix, démontrant à la fois aux autres personnages du manga mais également à nos consciences l'absurdité et la folie de la guerre, ainsi que le danger que représente pour l'humanité l'utilisation des armes atomiques.

    En résumé, cette œuvre, complexe à tout points de vue, nous plonge dans une famille de "petites gens" vivant l'Histoire à l'aune de leur propre histoire à travers un témoignage saisissant. Si savoir comment le Japon a réussi à se reconstruire après son humiliante défaite de 1945 à travers l'histoire d'Hiroshima, il ne fait nul doute que ce manga est fait pour vous. Vous avez ici affaire à une véritable pièce culte de l'histoire du manga japonais. Pour vous dire, après les 10 tomes, cela fait un petit pincement au cœur de quitter ces personnages si attachants... En bref: un chef d’œuvre à ne pas manquer!

     

    Gen d'Hiroshima: Le film d'animation

    Le film, d'une durée de 83 minutes, a été réalisé par Shinzaku Mamoru et sortit en 1983. 

    Bande annonce du film d'animation

     

    Extrait du film comportant la scène de la bombe (certaines images violentes peuvent heurter un très jeune public)

     

    Gen d'Hiroshima: Le Drama

    Le drama, comportant 2 épisodes, a été réalisé par Masaki Nishiura et fut diffusé en 2007 au Japon. 

    Extrait du drama comportant la scène de la bombe: partie 1 (en japonais)

     Extrait du drama comportant la scène de la bombe: partie 2 (en japonais)

     

    J'espère que cet article vous aura donné envie de regarder le manga, le film et le drama! Continuez à vous amuser sur Samurai Neko no Nihongo!

     

    またね

    侍猫

     

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    Première de couverture du tome 1

     

    Nom: La vie de Bouddha

    Auteur: Tezuka Osamu

    Nombre de tomes (manga): 8

    Genre: Drame historique, surnaturel, religion, philosophie


    Synopsis: C'est dans ce manga que Tezuka fit l'ambitieux et inédit pari de retranscrire la vie du Bouddha historique, du nom de Siddartha. L'histoire se déroule dans l'Inde des temps anciens, dans le royaume de Kapilavastu. A l'époque, ce pays était régi par un système de castes d'une injustice criante. Au sommet de l'échelle sociale se trouve la caste des brahmanes, regroupant les prêtres, les sacrificateurs, les professeurs et les enseignants. Même les plus puissants seigneurs ne faisaient guère le poids face à leurs pouvoirs... La deuxième caste la plus importante est celle des nobles, des seigneurs et des guerriers. Puis vient la caste des artisans, commerçants, agriculteurs et bergers suivie par la caste des esclaves et enfin par la caste des intouchables. Ces derniers sont considérés comme étant des individus impurs, se situant en dehors du système de caste établi et son sujets à de nombreuses discriminations, même par les esclaves! C'est sur ce système inégalitaire que met l'accent l'auteur dès le début du livre, en nous contant l'histoire difficile de deux protagonistes: Chaprah l'esclave et Tatta l'intouchable. Chaprah s'est fait voler ses étoffes et n'a que 3 jours pour les retrouver, sans quoi sa mère sera vendue. Le voleur n'était autre que Tatta. Il accepta néanmoins de l'aider à retrouver sa mère.

    Bouddha est issu d'une riche famille et était destiné à devenir prince du royaume de Kapilavastu. Lorsqu'il se mit à sortir du palais royal, l'injustice du système de castes et la pauvreté ambiante le poussèrent à abandonner le destin auquel il était destiné pour se lancer dans un long voyage initiatique qui le poussera notamment à remettre en question le système de castes.

    Pendant l'histoire, les destins des différents protagonistes se croiseront maintes fois...

    Quelle sera la portée du voyage de Bouddha? Qu'adviendra-il des Chaprah et de Tatta? Réussira-il à faire changer le mode de pensée des gens?

    Vous trouverez les réponses dans la suite du livre!

     

    Les points forts:

     - Des personnages attachants

    - Une portée philosophique importante

    - Des émotions fortes

    - L'aspect historique

    - Une histoire bien complète

     

    Les points faibles: 

    Peu de points faibles me viennent en tête, mais je me doute que l'aspect religieux du manga pourrait ne pas plaire à tout le monde: les gens croyant à une autre religion pourraient être réticents à le lire (vous ne savez pas à côté de quoi vous passez) et les croyants pourraient trouver l’œuvre pas tout à fait en adéquation avec leur foi.

     

    A ne pas manquer si... 

    - L'histoire de Bouddha vous intéresse

    - Vous aimez les légendes

    - Vous aimez les réflexions philosophiques sur le sens de la vie et de la place de l'homme

    - Vous aimez les histoires poignantes

     

    Passez votre chemin si...

    - L'histoire de Bouddha ne vous intéresse pas du tout

    - Le côté religieux du manga vous fait vraiment peur

    - Les réflexions philosophiques vous donnent des migraines

    - Vous êtes un robot sans cœur

     

    Avis personnel: 

    L'avis que je vais vous donner là est un avis à froid étant donné que j'ai lu ce manga l'été dernier...cela commence à faire un certain moment. Toutefois, étant donné que je ne suis pas atteint d'une maladie d'Alzheimer précoce, je pourrais tout de même vous donner un avis sur l’œuvre de Tezuka.

    Le récit nous donne une vision assez précise sur l'histoire du Bouddha historique, Siddartha, tout en gardant l'histoire plus ou moins simple pour être comprise par un public large. Au travers des différents tomes, nous voyons progressivement la prise de conscience de Bouddha durant son parcours. Alors qu'il était au départ un prince fragile dans un palais doré, il abandonne son destin de prince du peuple Shakya pour livrer une vie de moine. Il fera face à de nombreuses difficultés, un combat intérieur face à son destin et aura du mal à comprendre ses pairs. Il finira par atteindre l'illumination et se mettra à inspirer ses disciples jusqu'à sa mort. Difficile de parler du manga sans vous spoiler une partie de l'histoire, mais une chose est sûre: cela vous fera aboutir vers un questionnement intéressant et peut être voir certains aspects de la vie différemment, qui sait! 

    En bref un manga fort intéressant tant au point de vue historique qu'au point de vue philosophique, des émotions fortes tout au long de l’œuvre... Si vous aimez Tezuka, alors foncez! Si vous ne savez pas trop, je vous le conseille tout de même. Il n'y a vraiment pas à avoir peur d'un éventuel prosélytisme: chacun lit les lignes avec la portée qu'il veut bien leur donner. En tout cas, ce n'était pas le but de Tezuka.

    J'espère que cet article vous aura plu et donné envie de lire ce manga! Continuez à passer du bon temps sur Samurai Neko no Nihongo!

     

    またね

    侍猫

     

     

     

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    5 commentaires


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