• Les cartes Hanafuda: histoire et modes de jeux

     任天堂 マリオ花札 赤│ゲーム 花札|【東急ハンズネットストア】

    Vous vous demandez bien quel peut être le raport entre Mario Bros et les Hanafuda ? On vous dit tout dans cet article !

     

     

    Avez-vous déjà entendu parler des cartes Hanafuda ? Parler de "cartes Hanafuda" est d'ailleurs un pléonasme étant donné l'étymologie du mot. En effet, celui-ci 花札 se divise en deux parties : 花 (Hana = fleur) et 札 (Fuda = carte). Si on devrait traduire littéralement le mot en français, cela donnerait "cartes fleur". Donc parler de "cartes Hanafuda" revient à parler de "cartes cartes fleur".

    Ces cartes, vous les avez peut être croisées quelque part sans vraiment savoir quels jeux y étaient associés et encore moins leur histoire... Vous en avez peut être rencontrées dans des jeux Nintendo, dans un Anime ou même dans une certaine chanson Vocaloid... Néanmoins l'histoire se cachant derrière ces cartes est évidemment bien plus ancienne que ces apparitions. 

    Aujourd'hui, dans Samurai Neko no Nihongo, nous allons nous plonger pour le première fois dans une catégorie en somme assez inédite sur le blog: les jeux de société japonais ! Prêts à vous embarquer dans l'histoire des Hanafuda à travers les âges ? Alors c'est parti !

     

    Les premières cartes japonaises : les Tenshô Karuta 

    Les Hanafuda sont des cartes actuellement utilisées dans une grande variété de jeux de cartes au Japon de nos jours. Mais où tout cela a commencé ?

    Tout a commencé en Europe, ironiquement, et plus exactement en Navarre avec l'histoire du missionnaire chrétien Saint Francis Xavier. Lors de sa vie, il a pu effectuer différentes missions dans certains pays d'Asie, notamment en Inde et en Asie du Sud, en passant par les colonies portugaises de l'époque où le christianisme était déjà implanté. C'est en 1547 qu'il rencontra un japonais du nom d'Anjirô, qui avait entendu parler de ses prouesses et avait fait la route de Kagoshima jusqu'à Malacca en Espagne pour le rencontrer. Plus exactement, le fait qu'il ait assassiné quelqu'un faisait de lui une cible prioritaire à abattre au Japon et il avait fui son pays par peur de représailles. En arrivant à Malacca il fit sa confession à Xavier. Il fut le premier japonais chrétien et aida Xavier dans ses missions. C'est en 1549 que Francis Xavier arriva au Japon avec trois autres jésuites, en tant qu'envoyé du roi du Portugal. 

    Lors de cette mission, des jeux de cartes portugais furent également amenés au pays du soleil levant. Ces cartes ressemblaient de plus ou moins loin aux cartes de pique, trèfle, coeur et carreau que nous connaissons très bien aujourd'hui. Elles consistaient en un jeu de 48 cartes de 4 familles : Espadas (l'épée), Copas (la coupe), Ouros (la pièce d'or) et Paus (la massue). Ces 4 familles étaient divisées en 12 niveaux: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, Page, Chevalier, Roi. Elles furent accueillies avec grand succès au Japon. 

    Portuguese type pack with ‘dragon’ aces made in Belgium by Mesmaekers Frères, Turnhout, c.1875-1900

    Exemple de cartes portugaises, ici cartes de massue et d'épée 

     

    Les premières cartes japonaises inspirées des cartes portugaises firent leur apparition au cours de la période Tenshô (1573-1592). Elles portent d'ailleurs le nom de la période, et se nomment Tenshô Karuta (天正カルタ). En observant le deck, on voit bien l'absence de 10 caractéristique des cartes portugaises de l'époque ainsi que les 4 familles divisées en 12 niveaux. Un peu plus tard les pièces furent remplacées par des fleurs et le chevalier par un cheval. 

     

    Les premières cartes Japonaises issues des cartes portugaises, les Tenshô Karuta

     

    L'évolution des cartes pendant le Sakoku : 

    Cependant, en 1633, voyant l'influence des portugais augmenter sous la forme de colonies grandissantes en Chine et en Inde, le shogunat Tokugawa prit la décision d'initier la politique du Sakoku (鎖国 = pays fermé) de peur de devenir lentement mais sûrement une énième colonie du Portugal. Cette politique, qui dura de 1633 à 1853, était régie par des règles très strictes: 

    - Interdiction pour les japonais de sortir du pays quelque soit le prétexte. Ce crime est puni par la peine de mort. 

    - Tout japonais revenant de l'étranger doit être mis à mort. 

    - La tête des prêtres chrétiens est mise à prix 400 à 500 feuilles d'argent.

    - Toute personne propageant la foi chrétienne sera emprisonnée.

    - Les portugais et leur famille sont bannis du Japon et redirigés vers Macao, en Chine (colonie portugaise).

    - Toute personne possédant une lettre de l'étranger doit être mise à mort.

    - Toute personne essayant d'interférer avec la mise à mort d'une personne ne respectant pas le Sakoku doit être mise à mort.

    - Aucun noble ni soldat ne doit "souffrir" d'acheter des biens provenant de l'étranger. 

     

    Autrement dit, les jeux de cartes provenant de l'étranger, comme beaucoup de choses provenant de l'étranger hormis quelques exceptions, ont été bannis à partir de 1633. Malgré cela, le goût des japonais pour les jeux de cartes ne s'est pas éteint avec la disparition des cartes européennes. Ceux-ci ont créé leurs propres jeux de cartes à la suite du Sakoku. En effet, les jeux de cartes en eux-mêmes n'ayant pas été bannis, d'autres types de cartes ont vu le jour en remplacement des Tenshô Karuta désormais prohibées.

     

    Les Unsun Karuta : 

    Ce type de carte fut suivi à la fin du 17e siècle par un jeu de 75 cartes représentant des guerriers Chinois et Japonais en armure, appelé Unsun Karuta. Le terme d'Unsun Karuta étant dérivé des mots portugais "un" (un) et "sun" (le meilleur). Ici la grande différence est l'apparition de  la famille "guru" (reconnaissable au symbole mitsudomoe) à côté des familles initiales. Le nom de "guru" vient du terme guruguru signifiant "tourner en rond", ce qui sied parfaitement au symbole mitsudomoe, qui ressemble en effet à une roue. 

    Autre changement structurel: en plus des 9 chiffres habituels, nous avons ici affaire à 6 cartes de "têtes" au lieu de 3 dans les jeux portugais: Un (un dieu de bonne fortune), Sun (un seigneur Chinois), Sota (une jeune fille), Robai (un Dagon portugais transféré à la cour du Japon), Kiri (un soldat d'infanterie) et Koshi (un roi ou autre tête couronnée). 

    Ce type de jeu était beaucoup plus complexe qu'avec les Tenshô Karuta et ces cartes gagnèrent progressivement en popularité. Elles possédaient un potentiel pour être utilisées dans des jeux d'argent. Faute de quoi ces cartes furent bannies par le gouvernement en place. Ce type de carte est donc tombé dans l'oubli dans tout le Japon... partout ? Non ! Une région d'irréductibles joueurs d'Unsun Karuta ont réussi à résister à la prohibition jusqu'à aujourd'hui et c'est grâce à eux d'ailleurs que nous pouvons encore avoir des informations sur ces cartes: ce sont les gens de la région d'Hitoyoshi (préfecture de Kumamoto). 

    Mais est-ce que la condamnation par le shogunat Tokugawa d'un jeu de cartes a suffi à réprimer l'envie des japonais de jouer aux cartes ? Bien sûr que non. Le gouvernement a été irrité de voir que des jeux de cartes d'inspiration européenne voyaient le jour et qu'ils étaient utilisés pour des jeux d'argent ? Les Japonais ont alors remonté leurs manches et rivalisé d'inventivité pour passer au-delà de l'austérité du Sakoku. 

    Les Unsun Karuta, inspirées des cartes portugaises mais avec une touche japonaise

     

    Les Sunkun Karuta :

    Peu après la prohibition de 1702, les Sunkun Karuta virent le jour. Là encore, le deck initial est complexifié par l'ajout de la famille flèche (Ya) et  voit s'ajouter une carte de tête du nom de Kun. De plus, une carte dragon a été ajoutée à chacune des familles, à l'instar des decks portugais. Cependant, en raison du nombre important de cartes apportant encore de la complexité au jeu, ce type de cartes n'aura pas gagné la popularité des joueurs et sa production cessa autour du 18e siècle. 

     https://japanplayingcardmuseum.com/img/2-5-19-Sunkunkaruta-Ya-Unsunkaruta-1.jpg

     

    Des exemples de Sunkun Karuta

     

     

    Les Mekuri Karuta :

    Toujours dans l'optique d'échapper à la prohibition, les Mekuri Karuta, remplacent les formes rappelant les cartes portugaises par des formes beaucoup plus abstraites. De très nombreuses variétés de cartes virent alors le jour dans cette période malgré les restrictions, dont les Komatsufuda (小松札) qui sont les seules de ces cartes à encore être utilisées dans un jeu de nos jours. Vous trouverez ici un lien vers un musée virtuel des cartes japonaises inventoriant les différentes Mekuri Karuta, dont les variantes diffèrent selon les régions, de quoi éveiller votre curiosité. 

    Les Komatsufuda, les seules Mekuri Karuta encore utilisées en jeu aujourd'hui

     

    D'un point de vue structurel, la similitude avec les cartes portugaises était assez flagrante, 4 familles de 9 cartes de "chiffres" et de 3 cartes de "têtes". Cependant nous avons affaire ici à des formes abstraites fortement éloignées des représentations originelles. Ces cartes étaient utilisés pour jouer au jeu du Mekuri, un jeu d'argent qui lui valut de tomber encore une fois dans le viseur de la politique du Sakoku et qui fut banni en 1791. 

     

    Les Kabu Karuta :

    Les Kabu Karuta sont un dérivé des Mekuri Karuta apparu plus tard dans le 18e siècle. Etant donné que les familles n'importent pas dans les jeux de Kabu (jeu dont l'objectif est d'atteindre le nombre le plus proche de 9), les cartes ne sont plus différenciées entre les familles. Nous avons ici affaire à un jeu de 40 cartes avec 4 fois 10 cartes allant de 1 à 10. Ce type de de cartes est utilisé également pour les jeux d'argent. 

     

    Un exemple de Kabu Karuta

     

    Mais est-ce que la condamnation par le shogunat Tokugawa d'un jeu de cartes a suffi à réprimer l'envie des japonais de jouer aux cartes ? Bien sûr que non. Une fois un type de cartes banni, d'autres virent le jour avant d'être eux-mêmes bannis et de laisser place à un autre type de cartes, et ainsi de suite... D'une manière générale, les jeux étaient bannis car les cartes étaient numérotées, ou présentant des figures guerrières comme les européennes. C'est pourquoi un tout nouveau type de cartes, cette fois ci exemptes de numérotation, virent le jour. C'est à partir de ce moment que les Hanafuda firent leur apparition. 

     

     Les Hanafuda, cartes passant au-delà de la prohibition :

    Nous voilà dans le coeur du sujet de cet article: les Hanafuda, créées aux alentours de 1816. Ces cartes, composés de 12 familles de mois et de 4 rangs, étaient utilisées pour jouer au Hana Awase. Au niveau graphique, elles mettent en scène des plantes et animaux, ce qui leur fait s'éloigner fortement des cartes portugaises initiales. Elles connurent un succès chez les joueurs japonais mais n'étaient pas très adaptées aux jeux d'argent. Cela leur valut de survivre à la prohibition jusqu'en en 1868, marquant le début de l'ère Meiji. 

    Le début de l'ère Meiji marque la fin du Shôgunat et la restauration de l'Empire. Avec la fin du Shôgunat Tokugawa se lèvent également les lois du Sakoku et ses prohibitions associées. Le Japon passe d'une période de repli sur soi à une période d'ouverture vers l'extérieur et de modernisation technologique qui dans un premier temps sera surtout militaire. En effet, l'Amiral Perry et ses gunboats avaient obligé en 1854 le Japon à assouplir sa politique de Sakoku... Ce fossé technologique observé fut l'un des déclencheurs de la déchéance du Shôgunat et de la restauration de l'Empire. 

    A partir de 1868 donc, début de l'ère Meiji, les jeux de cartes furent tolérés par le gouvernement.

     

    De la prohibition à la production de masse :

     Pendant environ 300 ans, les jeux de cartes ont été interdits au Japon suite à l'adoption de la politique du Sakoku. Alors que les dernières descendantes des cartes portugaises, les Hanafuda, virent le jour, une entreprise surfa sur leur succès pour en faire son fond de commerce. Et c'est d'ailleurs une entreprise que vous connaissez probablement très bien. Je dirais même, il est impossible de ne pas connaître de près ou de loin cette entreprise en 2021 à moins de vivre dans une grotte depuis plusieurs dizaines d'années. Allez, Samurai Neko va vous mettre sur la voie... Si je vous dis jeux vidéo, super Mario bros, the legend of Zelda, Famicom, Game & Watch, Game boy, Gamecube, Wii... cela vous met la puce à l'oreille ? Oui, je parle bel et bien de Nintendo, vous n'êtes pas fous, nous sommes en 1889. Avant d'être la figure emblématique du jeu vidéo que nous connaissons si bien aujourd'hui, Nintendo était spécialisée dans... la production et la vente d'Hanafuda

    En 1889, Fusajiro Yamauchi fonda les ateliers Nintendo à Kyôto. Même s'ils ont connu de bons débuts leur imposant de recruter pour produire en masse les Hanafuda, le fait d'opérer sur un marché de niche avec un process lent et couteux ne rendit pas les choses faciles. De plus, les cartes produites étant chères et durables, le remplacement de celles-ci était rare. En conséquence, Nintendo commença à produire des cartes Tengu, de moindre qualité et bon marché tout en faisant profiter d'autres villes comme Osaka de leur offre.

    En 1950, les Hanafuda traditionnellement faites main et peintes avec soin furent remplacées par des cartes en plastique. D'autres sous-gammes de cartes furent également créées en plus des traditionnelles, comme les cartes Disney ou les cartes pour adultes... Malgré des publicités à la télévision, la popularité des Hanafuda s'est un peu essoufflée à l'aube des années 70, ce qui obligea Nintendo à prendre un virage progressif vers d'autres jeux de société populaires au japon (shogi, mahjong, go...) et vers les jeux électroniques, et enfin vers les jeux vidéo à partir de 1973.

    Néanmoins, malgré ce virage vers les jeux vidéo, Nintendo reste fidèle à son passé et vend toujours des Hanafuda, cette fois ci aux couleurs des protagonistes des séries Mario par exemple.

    Hanafuda | Nintendo | Fandom

     Entre tradition et modernité : le jeu Honke Hanafuda sur Super Famicom (Super NES en Europe)

     

    Hanafuda: Apprendre à jouer :

     De Sir Francis Xavier à Nintendo, nous avons parcouru de nombreux siècles d'Histoire pour en arriver aux célèbres cartes que nous connaissons aujourd'hui. Vous êtes désormais incollables sur l'histoire des cartes au Japon (il y a bien sûr d'autres cartes, comme les Uta garuta, mais je ne vais pas surcharger cet article qui sera déjà conséquent pour que nous nous concentrons sur les Hanafuda, les autres cartes seront traitées dans des articles ultérieurs). C'est une bonne chose, mais vous ne savez toujours pas comment jouer, c'est assez problématique. Ne vous inquiétez pas, c'est ce que nous allons aborder désormais.

    Intéressons nous tout d'abord aux cartes. Comme mentionné précédemment, le jeu comporte 12 familles correspondant chacune à un mois. La liste de cartes ci-dessous met en évidence des similitudes entre les cartes d'un même mois: la plante représentée est la même pour toutes les cartes et vous permettra de les reconnaître. Le cœur des jeux sera de faire des combinaisons de cartes, il vous faudra pour cela bien les reconnaître. Alors soyez bien attentifs ! Voici les plantes pour chaque mois (de gauche à droite et de haut en bas) :

    - Janvier : le pin (松 : Matsu)

    - Février : l'abricotier du Japon (梅: Ume)

    - Mars : la fleur de cerisier (桜: Sakura) 

    - Avril : la Glycine (藤: Fuji)

    - Mai : l'Iris d'eau japonais (菖蒲 : Ayame)

    - Juin : la Pivoine (牡丹 : Botan)

    - Juillet : le trèfle japonais (萩 : Hagi)

    - Août : l'herbe Susuki (薄 : Susuki)

    - Septembre: le Chrysanthème (菊 : Kiku)

    - Octobre : l'Erable japonais (紅葉 : Momiji)

    - Novembre : le Saule (柳 : Yanagi)

    - Décembre : le Paulownia (桐 : Kiri)

     

    Chaque mois est composé de quatre cartes.

    Il y a plusieurs types de cartes. Les voici par ordre d'importance :

    - Les "Kasu" (カス) : Les cartes sans particularité

    - Les "Tanzaku" (短冊) : Les cartes avec ruban rouge, les cartes avec ruban violet (青短: Aotan) et les cartes avec ruban rouge avec poème écrit (赤短 : Akatan)

    - Les "Tane" (タネ/種) : Les cartes avec des animaux : Bouscarle chanteuse de février, Coucou d'avril, Pont à 8 planches de mai, Papillons de juin, Sanglier de juillet, Oies d'août, Saké de septembre, Cerf d'octobre, Hirondelle de novembre

    - Les "Hikari" (光) : La grue de janvier, le rideau de campement de mars, la lune d'août, Ono no Michikaze (homme au parapluie) de novembre, le Phoenix chinois de décembre

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     Les règles du jeu du Koi Koi :

    Le Koi Koi est un jeu se jouant à 2 joueurs.

    L'objectif de ce jeu est de gagner le plus de points en formant des Yaku (combinaisons de cartes).

    Une partie se déroule en 12 manches (correspondant aux douze mois de l'année) ou éventuellement en 6 manches pour une partie plus rapide.

    La première étape de jeu est de déterminer qui est l'Oya (親 = parent), c'est à dire la personne allant distribuer les cartes tandis que l'autre joueur sera l'enfant 子. Pour cela, chacun des joueurs pioche une carte. Le joueur qui tombe sur la carte correspondant au mois le plus tôt devient l'Oya. Si les deux joueurs ont une carte du même mois, la carte valant le plus de points déterminera l'Oya :

    - Hikari : 20 points

    - Tane : 10 points

    - Tanzaku : 5 points

    - Kasu : 1 point

    S'il y a encore une fois égalité, chacun doit piocher de nouveau une carte et recommencer la procédure.

    Une fois l'Oya déterminé, l'Oya commence à jouer,  puis son adversaire, et ainsi de suite à tour de rôle.

    L'Oya distribue à chaque joueur 8 cartes face cachée, ce sera la main du joueur : 手札 (Tefuda). Il place ensuite 8 cartes au centre, face visible (場札 Bafuda). Le reste des cartes est placé sur une pile au milieu du jeu (山札 Yamafuda).

    Avant de commencer le jeu à proprement parler, les deux joueurs vérifient s'ils ont un Yaku intégré dans leur jeu. Deux Yaku sont possibles à ce moment :

    TESHI (手四) : Avoir 4 cartes d'un même mois.  (6 points)

    KUTTSUKI (くっつき) : Avoir 2 cartes pour 4 mois différents. (ex: 2 cartes de janvier, de février, juin et octobre) (6 points)

    La phase de jeu peut ensuite commencer.

     Organisation de la table de jeu

     

    L'organisation d'un tour se passe de la manière suivante:

    Etape 1 : Le joueur regarde s'il a dans son jeu une carte du même mois qu'une des cartes du Bafuda. Si c'est le cas, il peut former une paire de deux cartes de même mois (1 de son jeu et 1 du Bafuda) et la placer de côté. Seule une paire peut être formée à cette étape. Il prend ensuite une carte du Yamafuda qu'il place face visible au niveau du Bafuda.

    S'il n'a pas de possibilité de former une paire avec une des cartes du Bafuda, il défausse une de ses cartes dans le Bafuda. Il prend ensuite une des cartes du Yamafuda qu'il place face visible au niveau du Bafuda.

    Etape 2 : Après avoir posé la carte du Yamafuda dans le Bafuda, le joueur vérifie si la carte qu'il vient de placer dans le Bafuda peut former une paire avec d'autres cartes du Bafuda. Si c'est le cas, il récupère la paire. Sinon, il laisse le Bafuda tel quel. Seule une paire peut être formée à cette étape.

    Etape 3: Le joueur vérifie s'il peut former un Yaku avec les cartes récupérées depuis le début du jeu.

     

    Les combinaisons (Yaku) :

     

    KASU (カス) : Avoir 10 cartes "Kasu".  C'est l'une des plus faibles combinaisons possibles. Un point supplémentaire est accordé pour chaque carte Kasu en supplément de cette paire de 10. (1 point)

    カス

     

    TAN (タン) : Avoir 5 rubans de couleurs différentes (rouge, violet, poésie). Un point supplémentaire est accordé pour chaque carte Tanzaku en supplément de cette paire de 5. (1 point)

    タン

     

    TANE (タネ) : Avoir 5 animaux. Un point supplémentaire est accordé pour chaque carte Tane en supplément de cette paire de 5.  (1 point)

    タネ

     

    TSUKIMI DE IPPAI (月見で一杯): "Boire du saké en regardant la lune" (lune d'août + saké de septembre). Uniquement si la règle "Tsukimi de ippai est active. (5 points)

    月見で一杯

     

    HANAMI DE IPPAI (花見で一杯) : "Boire du saké en regardant les cerisier éclore" (rideau de campement de mars + saké de septembre). Uniquement si la règle "Hanami de ippai est active. (5 points)

    花見で一杯
      

    AOTAN (青短) : Avoir les 3 rubans bleus du jeu. (5 points)

    青短

     

    AKATAN (赤短) : Avoir les 3 rubans rouges de poésie du jeu. (5 points)赤短

     

    INOSHIKACHOU (猪鹿蝶): Avoir le sanglier de juillet, le cerf d'octobre et le papillon de juin. (5 points)猪鹿蝶

     

    SANKOU (三光) : "Trois lumières" : Avoir 3 cartes lumières, Ono no Michikaze exclu(5 points)三光

     

    AMESHIKOU (雨四光) : Avoir Ono no Michikaze en plus de 3 lumières. (7 points)雨四光

     

    SHIKOU (四光) : "Quatre lumières" : Avoir 4 cartes lumières, Ono no Michikaze exclu(8 points)四光 

    GOKOU (五光) : "Cinq lumières" : Avoir les 5 cartes lumières  (10 points)五光

     

    Si le joueur peut former un Yaku, deux choix s'offrent à lui:

    - KOI KOI (こいこい) : Ce mouvement permet de continuer le jeu après la réalisation d'un Yaku pour effectuer un Yaku supplémentaire. Attention en revanche, si l'adversaire peut faire un Yaku avant, celui-ci pourra doubler ses points tandis que le joueur ayant initié le Koi Koi n'aura rien. Dans la règle officielle de Nintendo, il n'est possible de faire qu'un seul Koi Koi par mois. Il existe une règle additionnelle où il est possible d'effectuer plusieurs Koi Koi à la suite, mais cela n'est pas sans risque (elle est d'ailleurs très souvent utilisée, au point même qu'on s'étonne de voir la règle originale). 

    A chaque Koi Koi remporté, les points des Yaku marqués sont multipliés par 2. Pour 2 Koi Koi, seuls les points de la main seront doublés. Cependant si le 2e Yaku vaut 7 points ou plus, son score est quadruplé.   

    - SHOUBU (勝負) : Ce mouvement permet de terminer la manche. Le joueur ayant formé un Yaku récupère ses points (plusieurs Yaku peuvent être formés en même temps dans certains cas). C'est un mouvement sécurisé permettant de gagner des points sans risque, mais le gain est évidemment plus faible. 

    C'est souvent un pari de déterminer à la fois ce que l'on peut faire et les Yaku pouvant être potentiellement formés par le joueur adverse. 

    S'il ne peut pas former de Yaku, c'est au tour de l'adversaire.

     

    A la fin du mois, le gagnant deviendra l'Oya du prochain mois.

    Si aucun des joueurs n'a réussi à former de Yaku, aucun des joueurs ne gagne de point (match nul), et l'Oya reste l'Oya du prochain mois. 

     

    Règles additionnelles (nintendo) :

    - Si les Yaku du joueur égalent une valeur de 7 points ou plus, ses points sont doublés. Cela est valable pour chaque Yaku et peut s'additionner si le joueur fait un Koi Koi. 

    - Le Saké est une carte animal mais peut être aussi jouée en "joker" avec des cartes Kasu. Ainsi 9 Kasu + la carte Saké permettent de faire une combinaison Kasu (1 point). 

     

    Règles additionnelles :

    - Règle de l'Oya Ken : Si personne ne forme de Yaku, l'Oya gagne 6 points.

    - Règle du Gaji: Si joue la carte de l'éclair de novembre ou le retourne du Yamafuda, celui-ci peut faire une paire avec n'importe quelle autre carte du Bafuda. Cette règle ne peut pas être jouée si l'un des joueurs a la carte dans son jeu dès le début. Une fois les cartes capturées, celles-ci sont mises de côté avec la carte d'éclair de novembre. A la fin du jeu, toutes les cartes capturées avec l'éclair de novembre pourront être utilisées pour capturer les cartes restantes dans le Bafuda. 

    - Règle du Hiki : Si un joueur voit au total 4 cartes d'un même mois (c'est à dire 3 dans main et 1 sur le Bafuda/2 dans sa main et dans le Bafuda/1 dans sa main et 3 dans le Bafuda/4 dans sa main), il peut faire "Hiki" et capturer les 4 cartes. Si 3 cartes d'un même mois sont présentes dans le Bafuda et qu'un joueur tourne dans la pioche la 4e, il peut capturer les 4 à la fois. Attention toutefois: un joueur ne peut pas faire Hiki pour interrompre un joueur sur le point de faire une paire, sauf si la carte piochée par l'adversaire sur le Yamafuda est l'éclair de novembre. Dans ce cas il doit interrompre l'éclair de novembre et capturer le Hiki. L'adversaire devra alors utiliser son éclair de novembre pour capturer une autre carte dans le Bafuda.

     

    Autres jeux utilisant les Hanafuda :

     Nous avons vu ensemble les règles du Koi Koi, un jeu japonais célèbre utilisant les Hanafuda. Mais il existe de nombreux autres jeux utilisant ces cartes. Nous ne les aborderons pas en détail dans cet article mais ils le seront dans un article ultérieur. Car nous avons ici concentré notre énergie sur le Japon, mais ces cartes ont également donné naissance à d'autres jeux en Corée et à Hawaï. En attendant cet article, voici des exemples de jeux :

    Jeux japonais :

    - Hachi Hachi : Jeu de 2 à 7 joueurs dont le but est de capturer le plus de cartes possibles et de faire des Yaku à haute valeur.

    - Hana Awase : Jeu à 3 joueurs dont le but est de capturer des cartes en faisant des paires pour former des Yaku.

    - Mushi : Jeu à 2 joueurs ressemblant au Koi Koi mais ne se jouant qu'avec 40 cartes (sans les cartes de juin et juillet) et utilisant l'éclair de novembre en joker

    - Oicho Kabu : Jeu dont l'objectif est d'être le plus proche de 9 avec 2 ou 3 cartes.

    - Roppyaken : Jeu de 2 à 3 joueurs dont l'objectif est d'arriver à 600 points en 3 mains

    Jeux coréens :

     - Godori (Go Stop) : Jeu de 2 à 7 joueurs où l'objectif est de faire des combinaisons en capturant des cartes et où les joueurs peuvent choisir de continuer ou d'arrêter

    - Seotda : Jeu traditionnel coréen souvent considéré comme le "poker asiatique" où les joueurs font des paris

    Jeux hawaïens :

    - Sakura : Jeu de 2 à 7 joueurs étant une variante du Koi Koi Japonais 

     

    Et ce n'est que la partie immergée de l'iceberg ! Il y a en effet une multitude de jeux utilisant les Hanafuda, seuls les plus connus ont ici été cités. Il y en aurait en tout environ 70, dont certains sont plus faciles à trouver sur le net que d'autres.

    J'espère que cet article vous aura plu. De Francis Xavier jusqu'à Samurai Neko no Nihongo, le chemin aura été long jusqu'au jour ou vous avez découvert les cartes Hanafuda. Il ne vous reste maintenant plus qu'à expérimenter votre jeu soit en achetant des cartes Hanafuda et en jouant avec vos amis, soit en jouant en ligne. Voici un site qui vous permettra d'aiguiser votre technique de Koi Koi contre des japonais. Si le coeur vous en dit, vous pouvez également rejoindre notre serveur discord pour jouer avec nous aux jeux utilisant les cartes Hanafuda !

    En attendant les prochains articles sur les jeux japonais, je vous souhaite de continuer à passer du bon temps sur Samurai Neko no Nihongo ! Prenez soin de vous et amusez-vous bien avec vos amis au Hanafuda !

     

    またね

    侍猫

     

     

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